lundi 28 février 2011

Hommage au Colonel Reyel

Je voudrais, une fois n’est pas coutume, tirer mon chapeau à un nouveau venu sur la scène de la Chanson Française, j’ai nommé le Colonel Reyel.

Quand tant d’autres s’enferment dans le carcan stéréotypé de la langue française et de ses expressions convenues, ce nouvel Artiste (n’ayons peur ni du mot, ni de la majuscule) s’en échappe en quatre vers. Je le cite :

« Aussitôt que le jour se lève
Tu es dans ma tête,
Tu hantes mes pensées
Je n'en sortirai pas inerte, »

Oui, vous avez bien lu : Je n’en sortirai pas inerte. D’aucuns diront : c’est gonflé, d’autres diront : c’est une faute.

Afin de tirer tout cela au clair, observons la phrase avec attention. Pour ce faire, concentrons nous sur les deux derniers vers. Ils suffisent amplement, holala oui.

« Tu hantes mes pensées / Je n’en sortirai pas inerte ».

Il est tourmenté le bougre, on le lit, on le comprend, il a un petit habitant dans le chapeau, soit. Mais en prenant connaissance de la suite, on se dit qu’on ne comprend plus rien, qu’il y a erreur, égarement, perte de la maitrise du style, enfin bref : boulette. Il voulait dire : « Je n’en sortirai pas indemne ». Oui, voilà en vérité ce qu’on serait tenté de se dire.

Mais non ! Tout cela est faux ! Remontons en arrière, et relisons : « Tu hantes mes pensées... ». Tu hantes… comme un fantôme. Comme un mort, donc. Un mort dont il ne veut pas. Oui ! Non ! Il veut rester vivant et il nous l’affirme bien haut : « Je n’en sortirai pas inerte». Il en sortira par conséquent animé et admirablement vivant. Pure maîtrise de style. CQFD

Ceci étant, ce que je ne m’explique pas, c’est pourquoi il est hanté « aussitôt que le jour se lève », vu qu’un fantôme qui se respecte officie plutôt en pleine nuit. Ça, pas un mot là-dessus, il faudrait lui demander.

Quoi qu’il en soit, le Colonel Reyel apporte à des milliers de jeunes un véritable espoir, en prouvant à toutes et à tous que l’on peut être haut gradé sans jamais avoir fait ses classes.

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